CHRONIQUES SUR LE DEUIL

Ensemble jusqu'au bout

Quand la mort est annoncée, la maladie incurable prend progressivement toute la place dans la vie de la personne malade et de ses proches: il y a les nombreux allers-retours entre l'hôpital et la maison; le personnel infirmier devenu si familier à force de le côtoyer; tous les soins à recevoir ou à offrir, jour et nuit; les cocktails de médicaments pour contrôler la douleur; les activités habituelles mises en suspend;... Nous ne vivons qu'en fonction de cette mort prochaine.    

Bien que tout s'organise autour de cette fin de vie, nous pouvons craindre d'en parler ouvertement. Nous nous censurons souvent sur nos peurs, nos questionnements et nos désirs. Évidemment, nous souhaitons éviter de rajouter de la souffrance à ce qui est vécu. Est-il approprié, par exemple, pour un proche au chevet de la personne malade de lui exprimer ses inquiétudes ? Peut-il se permettre de lui dire « Je suis angoissé à l'idée de te perdre » ? Et pour la personne qui est au seuil de la mort, se peut-il qu'elle hésite à nommer son besoin d'être entourée, afin de protéger son entourage de l'épuisement ? Au risque de faire de la peine, nous préférons parfois demeurer dans le silence...

Un silence qui nous isole. Mais peut-il en être autrement? Ces derniers moments passés ensemble posent un ultimatum qui nous incitera peut-être à échanger avec transparence. Ouvrir sur nos peurs: peur de mourir seul, peur de souffrir, peur de la vie sans l'autre,...  Partager nos croyances sur le sens de la vie, de la souffrance et de la mort. Envisager les derniers instants: se passeront-ils entourés de silence ou de musique, en présence de plusieurs ou d'une personne très significative,... Oserons-nous – avant que la maladie s'aggrave et que les mots perdent de leur importance – parler de cette mort prochaine? Irons-nous au cœur de l'essentiel, visiter cette zone extrêmement sensible et précieuse?

Mélissa Raymond
Travailleuse sociale

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Mélissa Raymond
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Mélissa Raymond

travailleuse sociale