CHRONIQUES SUR LE DEUIL

Le deuil à l'adolescence

L'adolescence est certainement l'une des périodes les plus mouvementées de notre vie. Tout se transforme en nous: notre corps, nos intérêts, nos croyances,... Nous vivons ces nombreux changements avec intensité. Le quotidien est parfois vécu comme un mélodrame, passant de la passion à la révolte. C'est déstabilisant. Qu'advient-il lorsque s'ajoute à ce parcours, déjà en montagnes russes, une perte déchirante?  Quelle place faire au deuil alors que nous sommes déjà éprouvés par le fait de grandir, de nous découvrir?

La lourdeur ressentie suite au décès contraste tellement avec le vécu des autres adolescents. Le désir de festoyer, de s'éclater entre amis s'estompe. Notre rire est moins naturel, plus mécanique. Nous espérons être en mesure de contenir nos larmes devant notre gang. La mort de l'autre accentue bien souvent notre confusion identitaire. Sa présence nous aidait à nous définir: nous cherchions à lui ressembler ou, au contraire, à s'en différencier.  Maintenant qu'il n'est plus là, qui sommes-nous?

Son absence est déroutante. Ce vide nous plonge brutalement dans une douleur inégalée. Jamais nous avons eu aussi mal... Et ça fait peur. Nous craignons parfois même d'en devenir fous. Comment vivre un si profond chagrin sans s'y perdre? Il semble que la vie ne nous ait pas encore donné toute la maturité pour digérer cette imposante souffrance.  

Pour tenir le coup, nous prendrons une certaine distance de tout ce qui palpite en nous. Nous y ferons face à petites doses. Ne soyons donc pas surpris de voir rebondir cette douleur quelques années plus tard... C'est peut-être le signe que nous avons désormais la pleine capacité pour boucler notre deuil. Libérons-nous de ce chagrin et vivons pleinement! La vie est courte, nous l'avons réalisé très tôt... Savourons-la sans plus tarder. C'est si bon!

Mélissa Raymond
Travailleuse sociale

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Mélissa Raymond
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Mélissa Raymond

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