CHRONIQUES SUR LE DOMAINE FUNÉRAIRE : «LA VÉRITÉ S.V.P.»

Combien de temps peut-on conserver un corps après le décès ?

Cela dépend. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Chaque cas devra être évalué et traité selon, notamment : la pathologie, c’est-à-dire la cause du décès ; la constitution de la personne décédée ; le temps écoulé entre le décès et l’embaumement.

D’abord, la pathologie. Il est logique de penser qu’une personne morte d’un cancer ou d’un infarctus pourra se conserver plusieurs jours sans qu’il y ait de problèmes. Par contre, on ne peut en dire autant d’une victime de noyade ou d’un incendie.

Ensuite, la constitution. Une dame de 94 ans pesant 80 livres ne requiert pas le même traitement qu’un jeune homme de 34 ans pesant 245 livres. Si l’embaumeur n’utilise pas les bons dosages de produits pour les bons cas, la durée de conservation sera grandement réduite.

Finalement, le facteur temps. Plus l’intervalle entre le décès et l’embaumement est long, plus il y aura formation de caillots de sang dans les veines, empêchant ainsi le fluide conservateur de se rendre partout dans le corps et de préserver celui-ci. Si l’embaumement est pratiqué moins de 24 heures après le décès, pas de problèmes, mais après trois ou quatre jours, c’est une toute autre histoire.En somme, dans la plupart des cas, on peut exposer un corps jusqu’à une semaine après le décès. Passé cela, il faut injecter dans le corps un fluide beaucoup plus fort qui donne à la peau une texture plus ferme, un peu comme celle du cuir.

Il y a aussi les exceptions. Par exemple, un cas d’urémie (taux d’urée trop élevé dans le sang dû à un mauvais fonctionnement des reins). La chimiothérapie empêche souvent les reins de bien fonctionner et la présence d’urée dans le sang anéantit l’effet de la formaldéhyde contenue dans nos fluides conservateurs. Je dois alors modifier ma recette de fluides pour que la concentration soit plus forte, sinon le corps ne pourra se conserver assez longtemps pour permettre une exposition. Bref l’embaumement est plus qu’une technique, c’est aussi un art qui requiert des connaissances du corps humain et des produits disponibles. Voici donc une excellente raison de confier le corps de vos proches à des gens responsables et dignes de confiance.

Le mois prochain nous traiterons de l’acquisition de certaines entreprises funéraires privées par des multinationales américaines.

Stéphane Charron
Président et thanatologue

Retour à la liste des chroniques

Stéphane Charron
Chroniques par :

Stéphane Charron

Président et
thanatologue

CHARRON ET FILS