CHRONIQUES SUR LE DEUIL
Être là, simplement
Depuis des années, des mois, nous accompagnons notre être cher dans l'évolution de la maladie. Sans hésitation, nous lui avons offert notre soutien. Toutes les tâches que nous pouvions faire pour l'alléger, nous les faisions. Voilà qu'il entame la phase terminale, le début du passage... Plusieurs de nos tâches ne sont plus requises. Que nous reste-t-il alors à lui offrir?
Comme nous avons bien moins d'actions concrètes à poser pour l'autre, nous nous sentons parfois inutiles, inconfortables. Nous sommes impuissants devant cette mort qui semble de plus en plus près. Nous remarquons la vitalité qui quitte notre être cher. Ses forces diminuent. Il parle peu, n'a plus d'appétit et dort beaucoup. Il amorce le dernier tournant de sa vie. Et nous, nous sommes là. Assis près de son lit, nous avons parfois l'impression de ne plus pouvoir rien faire pour lui.
Notre être cher vit des moments très intimes et profonds par lesquels il apprend à se détacher de son corps, de sa vie et des autres. Il intègre progressivement le fait qu'il va mourir. Ces derniers instants de vie sont précieux et l'invitent au recueillement. Il se retranche généralement dans l'intimité de son cœur, là où il apprivoise sa fin de vie. Comment le soutenir dans cette route si personnelle et qui nous est parfaitement inconnue?
Pour vivre cette ultime expérience, notre être cher a besoin de se sentir en sécurité. Notre simple présence dans la pièce, calme et enveloppante, offre un cadre propice à l'intériorisation. Une présence rassurante, sans attentes, qui insuffle le courage à l'autre d'explorer son monde intérieur. Devant le mystérieux passage vers la mort, notre douceur et notre amour peuvent s'avérer d'un grand secours. Il n'y a peut-être plus rien à faire pour l'autre... Il y a tout à être.
Mélissa Raymond
Travailleuse sociale
Mélissa Raymond
travailleuse sociale