CHRONIQUES SUR LE DEUIL

Que dire à un enfant ?

L'enfance est souvent synonyme de légèreté, d'innocence et de jeux. Alors quand survient un décès, nous pouvons nous sentir incapable de l'annoncer à l'enfant de peur de fracasser son univers. Pourtant, même si nous souhaitons l'épargner de tout chagrin, rien ne sert de le mettre à distance d'une réalité qui lui appartient également. Mais comment s'y prendre ? Quels mots choisir ?

Des mots simples, concrets et connus par l'enfant. « Grand-maman avait une maladie très grave. Elle en est morte. Elle ne respire plus, son cœur a cessé de battre, ... » Surtout, évitons d'utiliser des expressions comme « monter au ciel » ou « s'endormir pour toujours ». Ces expressions n'aident pas l'enfant dans sa compréhension de ce qu'est la mort et elles peuvent lui induire certaines peurs. L'enfant peut craindre, par exemple, d'aller se coucher de peur de ne plus jamais se réveiller.

Des mots justes. L'enfant a le droit à la vérité, peu importe les circonstances du décès. Inutile de mettre l'accent sur les détails morbides, mais tout de même parlons avec franchise. Imaginons seulement la réaction de l'enfant s'il découvre que nous lui avons menti... Souhaitons-nous vraiment mettre en jeu la confiance qu'il nous porte ? Osons plutôt répondre honnêtement à ses questions. Gageons que nos explications seront moins angoissantes que les scénarios qu'il peut s'imaginer.

Des mots sincères, qui traduisent notre façon de réagir face à cette perte. Donnons-nous le droit de nous montrer ébranlés, fragiles, attristés. Vivre nos émotions sans chercher à les dissimuler aux yeux de l'enfant, c'est un peu lui donner la permission de faire de même. C'est l'amener à ressentir des émotions qui, bien qu'elles soient inconfortables, ne sont pas dangereuses. Au fond, répondre avec simplicité, honnêteté et authenticité aux questions de l'enfant, n'est-ce pas là ce qu'il y a de plus rassurant pour lui ?

Mélissa Raymond
Travailleuse sociale

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Mélissa Raymond
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Mélissa Raymond

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